jeudi 18 octobre 2007

Test - 15/10/2007

De l’immeuble de ma blonde émane une étrange atmosphère. Si son appartement est un lieu protégé, le tabernacle ouvragé où je vais boire au calice des douceurs de vivre, le reste de la bâtisse est spécial. Elle a des airs d’immeubles de la banlieue parisienne. Elle est l’entassement de petits appartements dispendieux au pays de l’espace, du vaste donné. Entre toutes ces cabines allant du petit studio au minuscule 4 et demi, les murs sont mal insonorisés. Les vies se croisent, s’entendent, s’observent, s’insupportent dans un brouhaha constant fait de soupirs, de cris, de rires et de télévisions au volume trop fort.

Tous les espaces communs sont envahis par une odeur lancinante qui s’insinue régulièrement dans les appartements par le mince filet qui fait jour en dessous des portes. Elle est un mélange dont la base est composée d’huile chaude, de tabac froid, à laquelle s’ajoute les appétits du moment : un peu d’odeur de mets chinois, un soupçon de grillade. Elle est à la fois dégoûtante et agréable.

Les couloirs, quant à eux, sont habillés par un goût artistique très discutable où se côtoient une mauvaise affiche des années 30, une pâle copie d’un tableau peint sous LSD et tout ce que le mauvais goût a bien pu mettre sous cadre. Lorsqu’on descend au sous-sol pour déposer une poubelle dans la salle réservée à cet effet, la porte s’ouvre sur un naïf et touchant portrait de berger allemand. Sous son petit air bonasse, son œil brille de l’instinct du chien de berger, chargé de veiller à la ferme et au troupeau. Il semble nous dire que, sous ses dehors accueillant, il n’hésitera pas à croquer celui qui ne déposera pas son sac à ordure dans le bon contenant, à aboyer à la mort pour prévenir le concierge que la porte du local n’a pas été bien fermée. Cave canem.

Non, la seule qui retient mon attention, c’est cette photo de l’exposition universelle de 1967. Il s’agit d’une vue aérienne des îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, complètement recouvertes par les pavillons des nations participantes. Derrière, de l’autre côté du fleuve, Montréal s’étend. Je reste souvent fasciné par cette Montréal là, issue du passé. Elle n’a pas encore la verticalité qu’on lui connaît, elle s’étend morne, presque molle. J’en viens à me demander si je l’aurais aimé cette Montréal, et ce qu’il y a de différent entre cette même ville à deux âges de sa vie.

Pourtant, dans l’immeuble de ma blonde, il y a ma blonde. Ses petits doigts fins. Son sourire à fossettes. Ses bras qui se nouent autour de mon cou. Un condensé de belles formes qui ne se dilue pas dans le mauvais goût.

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